2 - LE MARCHE COUVERT
Le samedi matin, règne une atmosphère bien particulière, dans le cœur de Tonnerre. Le marché couvert accueille, dès le petit matin, les producteurs locaux, prêts à installer leurs produits ; puis les clients fidèles et les gourmands, venus découvrir la ville. Fruits, légumes, fromages, volailles, viandes, pains, miel… Mieux vaut vous munir d’un grand panier avant d’aller faire le marché !
UNE ARCHITECTURE AUDACIEUSE
Bâtie selon les plans de l’architecte auxerrois Ferdinand Rousseau en 1903, la halle de style Baltard, conjugue la fonte, le verre, la céramique et la brique. Une association réussie, reflétant bien les constructions audacieuses de la IIIe République.
Le marché couvert est inauguré le 17 avril 1904, en présence du Ministre de l’Agriculture, M. Mongeot.
MONUMENTS HISTORIQUES
En 1991, le bâtiment est classé à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et porte le label « Patrimoine du XXe siècle » depuis 2005. Il a été entièrement rénové en 2015.
La petite info en + pour être incollable
Le marché couvert est aussi l’emplacement de l’ancien Grenier à Sel, où était prélevé l’impôt féodal.
2.1 - UN BATIMENT HISTORIQUE
Ce que vous avez sous les yeux est le marché couvert, voici son plan de construction à la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle.
Ce bâtiment a été construit par Ferdinand Rousseau, architecte auxerrois en 1904, à la place de l'ancien Hôtel du grenier à sel où était prélevé l'impôt féodal. Les greniers à sel, créés en 1342, sont des entrepôts pour le sel, confiés à des agents Royaux. Pour acheter du sel, on devait payer la gabelle, une taxe royale sur le sel ayant existé en France au Moyen Âge et à l'époque moderne. Les gabelles ayant été supprimées en 1790, les greniers à sel ont été réemployés à d'autres usages administratifs, ce qui a donc laissé la place au marché couvert à Tonnerre.
UN EMPLACEMENT QUI CHANGE
Le marché se tenait auparavant en pleine air dans la rue Saint Pierre et sur la place du centrale. Suite à l'installation de nombreux commerces, les habitants ont été invités à se prononcer sur la localisation du marché couvert. Le Pâtis a été jugé trop excentré, et la place de la République, trop animée. Celui-ci a été donc construit à son emplacement actuel, rue François Mitterrand.
LE STYLE BALTARD, UN STYLE INDUSTRIEL
Victor Baltard, architecte et inspecteur des beaux-arts en 1849, est célèbre pour ses Halles de Paris réalisées au XIXe siècle, pendant la Révolution Industrielle. En effet, le métal commence à être utilisé dans l'architecture pendant que progresse la Révolution industrielle, ce qui permet la production et la commercialisation du fer, de la fonte et du métal.
CINQUANTE ANS PLUS TARD
Ferdinand Rousseau s'est donc inspiré du style d'architecture de Victor Baltard près de cinquante ans plus tard. En effet, le marché couvert est construit de la même manière que les Halles de Paris ou encore que la Tour Eiffel. Il est constitué de fer, de fonte, de métal et de verre.
2.2 - L'HEUE DE LA VENGEANCE A SONNEE
Nous sommes en 1884 :
le 22 décembre, devant le collège mixte de Tonnerre, un corps sans vie est découvert.
UN CORPS DÉCOUVERT À TONNERRE !
Le corps d’un homme, d’une trentaine d’années, vient d’être retrouvé devant les grilles du collège de Tonnerre, aujourd’hui, le 22 décembre. Une voisine affirme que la probable assassine serait venue s’abreuver à sa demeure, et aurait avoué son crime sans aucun remord.
La police enquête maintenant sur le sujet, et nous avons découvert l’identité de la victime. Il s’agirait d’Alfred Auguste Brisebard, un homme architecte et célibataire, sujet de rumeurs concernant ses conquêtes plutôt nombreuses.
De nombreuses hypothèses se posent alors : la tueuse pourrait être une de ses conquêtes ; une histoire qui a tout simplement mal tourné ?
ENQUÊTE
Après enquête, nous avons découvert qui était la coupable, il s’agirait de Henriette Francey, mariée, et mère. L’homme a succombé de trois balles de revolver. Une balle dans la tête, une autre dans le cou, et enfin une dans la poitrine qui aurait achevé ce Don Juan.
Monsieur Brisebard avait un comportement très étrange envers Madame Francey. Il suivait la femme jusqu’à sa demeure, elle subissait également un harcèlement qu’elle gardait secret auprès de son mari. Ce meurtre a été un acte de vengeance. Brisebard aurait d’ailleurs demandé chacune de ses sœurs en mariage, mais aurait été rejeté. Il aurait alors tenté sa chance sur la dernière femme qu’il n’avait jamais séduite. Un jour où son mari était absent, Brisebard a tenté de violer Henriette, et celle-ci aurait subi des attouchements obscènes. Elle aurait rappelé Alfred pour qu’il lui écrive une lettre d’excuse, mais il n’était pas de cet avis. Il a alors tenté à nouveau de la toucher, mais à ce moment, Madame Francey était préparée.
Revolver en main, elle aurait tiré vers sa tête, et touché son oreille. Brisebard aurait fui devant le collège, où elle l’aurait abattu avant que celui-ci ne crie, je cite « Je suis mort ! ».
PROCÈS : 26 MARS
Le procès aura duré 2 jours et s’est déroulé au tribunal d’Auxerre.
Lors du procès il y a eu 49 témoins qui ont raconté ce qu’ils ont vu ou entendu. Parmi les témoins se trouvaient M. Demange, la bonne de Mme Francey, ou encore Mlle Augustine Dumont.
RUMEURS SUR LE MEURTRE
D’après nos sources, de nombreuses rumeurs se sont diffusées à l’encontre de Mme Francey, dont une qui suppose qu’elle aurait trompé son mari, ou alors que, pendant qu’elle prenait un bain, l’abbé l’aurait également rejointe.
La justice à l’époque ne punissait pas les viols ou violences faites aux femmes, donc Brisebard n’aurait pas pu être puni par la loi. Selon la gravité, le meurtre était puni de différentes manières. Francey n’a pas été punie comme un meurtre de ce type devait être puni, elle n’a été condamnée qu’à 8.000 francs de dommages-intérêts. Nous supposons donc que Henriette avait des contacts haut placés.