8 - LE COUVENT DES URSULINES
Le lycée et le collège de Tonnerre étaient autrefois… des couvents.
Remontons à 1627. Cette année-là, la Ville passe un traité avec les Ursulines de Châtillon-sur-Seine, renommées pour l’éducation des filles. Les religieuses ont alors deux ans pour acquérir l’emplacement de leur église et de leur couvent et ont pour mission d’instruire gratuitement les jeunes Tonnerroises. Elles s’installent dans l’espace occupé actuellement par le lycée Chevalier d’Eon, le théâtre municipal (cinéma), l’Hôtel de Ville et le Marché couvert.
BIENS IMMOBILIERS CONFISQUÉS
Durant la période révolutionnaire (1789-1805), tous les ordres religieux sont dissous, les couvents fermés. Les Ursulines sont contraintes de partir, leurs biens immobiliers ayant été confisqués et le couvent réquisitionné pour y enfermer des prisonniers. Au mois de floréal de l’an X, une grande partie des bâtiments devient le collège communal et la chapelle est transformée en théâtre municipal.
LA PETITE MAISON DE LA RUE DES PRÊTRES
La situation s’améliore à partir de 1805 ; les Ursulines sont de nouveau autorisées à enseigner. Elles achètent une petite maison, rue des Prêtres (actuelle rue Pasteur), à côté de l’Eglise Notre-Dame, puis procèdent à des acquisitions successives qui finissent par former un vaste ensemble (bâtiments, cours, jardins et une chapelle construite dans le style du XIIIe siècle).
LE COLLÈGE DE GARÇONS
En 1905, l’exécution de la loi de séparation de l’Église et de l’État entraine une nouvelle dissolution de la communauté religieuse. Les bâtiments sont rachetés par la ville, qui y installe le collège des garçons.
La petite info en + pour être incollable
Une grille de fenêtre de l'ancien couvent est exposée au Musée municipal de Tonnerre.
8.1 - L'ENSEIGNEMENT DES FILLES
L’ENSEIGNEMENT DES FILLES AU XVIIE SIÈCLE : UN PEU DE LECTURE ET BEAUCOUP DE BRODERIE…
Source : « L’éducation des femmes au dix-septième siècle » Henriette Goldwyn, in Cahiers du XVIIe siècle, 1991(SIEFAR-Paris). Martine Sonnet. « L’éducation des filles à l’époque moderne ». Historiens et géographes, Association des professeurs d’histoire et de géographie, 2006, pp. 255-268. hal-00650808.
Du XIVe au XVe siècle, l’éducation des filles se borne au mieux, pour les jeunes filles bien nées, à en faire de bonnes chrétiennes, épouses, mères de famille et ménagères. Il n’y a guère que Christine de Pisan qui revendique l’égalité intellectuelle des sexes, opinion absolument pas partagée par ses contemporains !
Au XVIe siècle, l’Humanisme de la Renaissance permet enfin aux femmes d'accéder à l’éducation. Pour autant, il ne s’agit que d’un enseignement limité dans lequel les travaux domestiques prennent le pas sur la lecture et l’écriture, et sans latin – alors véritable clef de l’accès à la connaissance. Luther et la Réforme protestante encouragent la création d’écoles, pour les filles comme pour les garçons, afin que tous apprennent à lire la Bible traduite en langue vulgaire. L’Eglise catholique suit le même chemin pour l’instruction des fidèles.
A la charnière des XVIe-XVIIe siècles, les congrégations se développent et assurent des écoles gratuites pour les filles pauvres et/ou des pensions payantes pour les demoiselles fortunées. De fortes personnalités féminines, laïques ou religieuses, installent leurs établissements dans les villes : la Compagnie de Marie-Notre-Dame, les Visitandines, les Ursulines… L'Ordre de Sainte-Ursule est un ordre religieux catholique fondé en 1535 en Lombardie (Italie) par Angèle Merici (1474-1540). Il se consacre principalement à l’éducation des filles ainsi qu’aux soins des malades et des nécessiteux dans des maisons appelées "couvents des Ursulines". Celles-ci assurent un internat et une école externe gratuite, sans mélanger les clientèles.
Les ambitions pédagogiques restent modestes : au XVIIe siècle , il n’est pas rare que les écolières des classes charitables ne soient initiées qu’à la lecture, seule nécessaire à l’apprentissage du catéchisme et toutes les maîtresses ne sont pas aptes à enseigner l’écriture et le calcul. Le temps laissé disponible est employé à des travaux d’aiguille que la communauté vend pour arrondir son budget. Ces travaux manuels simples sont censés permettre aux filles du peuple de gagner honnêtement leur vie, à l’abri des dangers de la rue.
Le fil et les aiguilles se retrouvent aussi dans les classes des couvents, mais cette fois dans le but de détourner les élèves de familles aisées de l’oisiveté et de ses maux. Les pensionnaires reçoivent un enseignement « général » (lecture-écriture-calcul), parfois étoffé de leçons d’histoire, de géographie et de science et complété par des cours particuliers payants de musique, chant, danse, arts…
Les choses s’amélioreront au XVIIIe avec l’arrivée des Lumières et les matières enseignées deviennent plus nombreuses…